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22 November 2024
Zarra, en -59 avant Messi…

Zarra, en -59 avant Messi…

Nov 23, 2014
©FIFA.com
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Lionel Messi est devenu ce samedi 22 novembre le meilleur buteur de l’histoire du championnat espagnol avec 253 buts, battant un record détenu depuis 59 ans par Telmo Zarra. FIFA.com rafraîchit vos souvenirs de ce roi tout juste déchu du but espagnol…

« Venez admirer la meilleure tête d’Europe depuis Churchill ! » C’est ainsi que l’on présentait le match amical entre l’Espagne et la Suède à Stockholm de 1951. Cette tête si prisée était celle de Telmo Zarraonandia Montoya, attaquant de l’Athletic de Bilbao et grand mythe du football espagnol qui a inscrit un nombre incalculable de buts au long de sa carrière, notamment de la tête, sa spécialité. Mais il lui aura suffi d’une seule réalisation, celle-ci du pied, pour entrer dans la légende. Car quand on parle du « but de Zarra », un seul vient à l’esprit du fan espagnol parmi les plus de 350 qu’il a marqués.

Nous parlons là de celui qu’il a inscrit au Maracanã face à l’Angleterre lors du dernier match de poules de la Coupe du Monde de la FIFA, Brésil 1950. D’une frappe en première intention, il a envoyé un petit ballon piqué hors de portée du gardien adverse, Bert Williams, scellant ainsi la victoire 1:0 sur la « Perfide Albion », comme l’écrivaient les journaux de l’époque. Ce succès permettait à l’Espagne d’accéder à la poule finale de quatre équipes qui allait sacrer l’Uruguay – après le célèbre Maracanazo – et offrir aux Ibères une quatrième position qui resterait longtemps son meilleur résultat sur la plus prestigieuse des scènes.

Quelques années plus tard, Zarra donnait sa version des faits : « Gabriel Alonso a avancé balle au pied depuis la défense quasiment jusqu’à Basora et il a envoyé un centre assez long. Le ballon est parvenu à Gaínza, qui a remis de la tête vers le cœur de la surface. Igoa a laissé passer le ballon et moi j’ai pu frapper parce qu’un défenseur anglais n’a pas réussi à le dégager ». Voilà une façon très simple de décrire un but que le journaliste Matías Prats a gravé dans l’imaginaire espagnol par le biais de la radio, à une époque où il n’y avait pas de retransmission télévisée en direct.

Cette petite merveille fait partie des centaines de buts inscrits au long de sa carrière par ce fils de cheminots, septième enfant d’une fratrie de dix. Telmito, surnommé le Peureux dans son enfance – « J’ai toujours été très timide, très réservé, même quand je jouais », reconnaissait-il -, a découvert le football dans l’équipe de son quartier, mais il a bientôt rejoint l’Athletic Club de Bilbao, qui était à la recherche de joueurs pour rebâtir son équipe après la Guerre d’Espagne. Le grand club basque n’allait jamais regretter de l’avoir fait venir. Dès son premier match, il inscrit un doublé en championnat contre Valence. Les deux premiers buts d’une longue liste…

Un maître face aux buts
Zarra a été pendant 59 ans le meilleur buteur de l’histoire de la Liga, avec 251 réalisations. Il a fallut attendre novembre 2014 pour voir le record tomber sur un triplé de Messi contre Séville. Mais rappelons que l’élite espagnole ne comptait à l’époque de Zarra que 14 ou 16 formations, et que c’est le joueur qui a décroché le plus de titres de meilleur buteur de la saison, avec six Pichichi. Pendant plus de 50 ans, son record de 38 buts marqués lors de la saison 1950/51 aura semblé inaccessible, jusqu’à ce que Hugo Sánchez l’égale et que Cristiano Ronaldo et Messi le dépassent. Mais n’oublions pas que Zarra y était parvenu en 30 journées !

« Il suffisait d’envoyer le ballon devant et lui se chargeait de marquer ». La tactique était aussi simple que ça, selon Iriondo, qui aura formé avec Zarra, Venancio, Panizo et Gainza l’une des attaques les plus flamboyantes de l’histoire des Leones.

Paradoxalement, c’est en finale de la Coupe d’Espagne conquise en 1945 qu’il a vécu l’une de ses plus grandes désillusions : la seule exclusion de sa carrière. D’après la version de Zarra, c’était un « malentendu », car l’arbitre aurait interprété comme une agression une « plaisanterie » de sa part. Heureusement, le but d’Iriondo allait transformer ses sanglots en pleurs de joie, car les Basques allaient finalement s’imposer 3:2 contre Valence.

Après 15 années de bons et loyaux services, Zarra a décidé de mettre un terme à sa carrière professionnelle pour laisser la place aux nouvelles générations. En 1955, il a quitté l’Athletic mais il a continué de jouer pendant deux ans en deuxième division à titre gracieux. Éloigné du football professionnel, Zarra s’est consacré à d’autres activités, notamment un magasin de sport ou encore un restaurant, mais il a toujours continué à mettre les crampons, de temps en temps, pour une oeuvre caritative.

Il est étonnant de constater qu’un joueur de sa classe ait mis 42 ans à recevoir l’hommage qu’il méritait tant. Alors que son dernier contrat avec l’Athletic mentionnait un jubilé, celui-ci n’a eu lieu qu’en 1997 : un match opposant son club à une sélection de la Liga. Parmi les personnalités présentes dans le stade se trouvait Bert Williams, le gardien anglais avec lequel il a partagé le moment le plus important de sa carrière, celui du mythique but du Maracanã…

Zarra est décédé le 23 février 2006 à 85 ans à la suite d’un infarctus.

 

source: FIFA.com