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22 November 2024
Le Real en mode royal

Le Real en mode royal

Déc 22, 2014
©Getty Images
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LE FILM DU TOURNOI – Les six adversaires potentiels du Real Madrid dans la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA étaient pourtant prévenus : le champion d’Europe est sur un nuage en 2014. Sur le terrain, le grand favori a été à la hauteur de sa réputation en devenant champion du monde, décrochant ainsi son quatrième titre d’une année ainsi devenue la plus prolifique de son histoire. Comme ils en ont l’habitude depuis quelques mois, les Merengue n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires au Maroc.

Le Real est devenu maître en Europe en mai 2014 en s’adjugeant une dixième Ligue des champions de l’UEFA. Il a confirmé en entamant la saison 2014/15 sur les chapeaux de roues. Les chiffres sont éloquents : la dernière victoire en date, en finale contre San Lorenzo (2:0), est la 22ème d’affilée pour les hommes de Carlo Ancelotti. En 2000, les Madrilènes avaient manqué l’occasion de rapporter le titre mondial à Santiago Bernabéu. Cette fois, la mission a été accomplie. L’une des rares pièces qui manquaient à la vitrine du Real va bientôt trouver place dans cette dernière.

« Nous avons bien commencé l’année, et 2014 restera un cru inoubliable. Je suis fier de ce que nous avons réalisé et satisfait de nos prestations. Pour moi, le Real est la meilleure équipe du monde », souligne Ancelotti, qui vient de remporter le tournoi pour la deuxième fois de sa carrière – son premier titre mondial remonte à 2007, avec l’AC Milan. « Je travaille avec un groupe très efficace, sérieux et concentré, et c’est une source de fierté pour moi. Mon objectif est que 2015 ressemble à 2014 pour le Real. »

Ce souhait appartient au domaine du possible. Grâce à un effectif où le talent se mélange subtilement à la polyvalence, le club a prouvé qu’il pouvait régner même quand sa plus grande star ne trouvait pas le chemin des filets. Meilleur buteur du Real depuis le coup d’envoi de la saison, Cristiano Ronaldo n’a pas trouvé la faille au Maroc, ni contre Cruz Azul (4:0), ni face au Ciclón. Mais cela ne l’a pas empêché de faire le spectacle. Pendant le mutisme du Portugais, un défenseur s’est chargé de faire trembler les filets adverses.

Les records tombent
En demi-finale et en finale, Sergio Ramos a ouvert le score grâce à une présence impressionnante dans la surface adverse, comme il l’avait fait du reste en finale de la C1 contre l’Atlético de Madrid. Le Ballon d’Or adidas qui lui a été décerné après le match contre San Lorenzo vient justement récompenser un défenseur-buteur qui a été à la fois impérial et décisif à Maroc 2014.

« C’est une année mémorable et je suis très heureux d’avoir réussi à marquer dans des matches importants. Ç’a été mon plus beau moment au niveau personnel et professionnel », explique Ramos. « Je ne peux pas demander beaucoup plus de la vie mais dès demain, j’aurai une seule chose en tête : continuer de gagner. Nous avons conscience que cette équipe peut continuer à réaliser des choses importantes. »

Dans la course aux records, le Real vient d’égaler l’AC Milan au nombre des sacres – quatre chacun – dans la compétition, Coupe intercontinentale et Coupe du Monde des Clubs de la FIFA combinées. Iker Casillas, unique rescapé de la campagne madrilène décevante en 2000, vient de prendre sa revanche. Toni Kroos, roi du milieu de terrain et auteur de deux passes décisives à destination de Ramos, est monté sur le toit du monde pour la troisième fois en un an. Cristiano Ronaldo, qui avait été le héros du titre mondial conquis par Manchester United à Japon 2008, est devenu l’un des rares joueurs à remporter la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA avec deux équipes différentes.

Pas sans surprises
Le triomphe du Real confirme l’hégémonie des clubs européens sur le football mondial. Les écuries du Vieux Continent ont gagné sept des onze éditions du tournoi, et c’est la troisième fois qu’elles le font en battant l’équipe argentine en finale. San Lorenzo, vainqueur de la Libertadores après avoir réalisé en chemin plus d’un miracle, a souffert en demi-finale de Maroc 2014 contre la modeste formation d’Auckland City, a vec une victoire 2:1 après prolongation. « Nous savions que ce serait un match difficile, mais nous ne sommes pas passés loin. Nous avons fait deux erreurs d’attention et contre une équipe et des joueurs de ce calibre, cela se paie très cher », regrette le capitaine du Ciclón, Leandro Romagnoli.

Si le Real a répondu à toutes les attentes en remportant le Mondial des clubs, la compétition a réservé quelques surprises. La plus grande d’entre elles  a été signée par Auckland City. Après plusieurs participations frustrantes au tournoi,  les Océaniens viennent d’entrer dans l’histoire. Sous la houlette du Catalan Ramon Tribulietx, la formation semi-professionnelle a écarté successivement le Moghreb Tétouan et l’ES Sétif. En demi-finale, elle a rivalisé avec San Lorenzo, avant d’enregistrer un troisième succès en quatre sorties dans le tournoi en battant aux tirs au but Cruz Azul, dans le match pour la médaille de bronze.

Le fruit du hasard ? « Je suis très fier de ce que nous avons réussi. Nous n’avons perdu aucun match dans le temps réglementaire et nous méritons cette troisième place, car nous avons été fantastiques du début à la fin. D’un point de vue moral, ce sont des joueurs qui ont gagné cette Coupe du Monde », insiste Tribulietx. L’impact de cette révolution tactique dans un pays habitué à un jeu plus vertical a été visible. Auckland a fait sensation à l’échelle planétaire et le retour des héros en Nouvelle-Zélande promet d’être sans précédent. Une chose est sûre : la formation kiwi a perdu à jamais son statut de Petit Poucet de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA.

Des moments historiques
Pour Cruz Azul, le sentiment qui domine est « la honte » d’avoir terminé quatrième. C’est en tout cas l’avis de Christian Giménez. Les Mexicains avait bien débuté dans le tournoi, mais au final, elle n’a pas pu éviter le sort de ses compatriotes dans les éditions précédentes du tournoi. Elle a signé son unique victoire contre Western Sydney Wanderers, dans une rencontre qui a donné lieu à l’une des images emblématiques de la compétition. Sous une pluie torrentielle, Hugo Pavone, auteur du but de l’égalisation dans les ultimes instants de la partie, a célébré en faisant un véritable aquaplaning sur le ventre dans l’une des gigantesques flaques qui inondaient le terrain à Rabat. « J’ai une impression de redevenir enfant. Quand il pleuvait, on célébrait les buts comme ça, en se jetant la tête la première dans les flaques d’eau. »

La joie de l’attaquant a été inversement proportionnelle à la déception des Wanderers. Après avoir vécu un conte de fées en 2014 en gagnant la Ligue des champions de l’AFC, les Australiens ont quitté le Mondial avec deux défaites, malgré deux jolis buts inscrits dans le match pour la cinquième place : un par Romeo Castelen et l’autre par Vitor Saba, sur un coup franc qui n’est pas sans rappeler celui de Ronaldinho dans l’édition 2013 du tournoi. Le Brésilien, ancien joueur de Flamengo, a côtoyé l’ex numéro 10 du Fla pendant six mois à Rio de Janeiro. Ceci explique peut-être cela : « J’ai sûrement appris quelques petites choses en le regardant s’entraîner », plaisante Saba.

Dans le même match, l’ES Sétif a donné l’une de leurs rares joies aux supporters africains en décrochant la cinquième place. Abdelmalik Ziaya a marqué d’une superbe reprise de volée, tandis que le gardien Sofiane Khediairia a été le héros de la série de tirs au but. Au contraire de 2013, où le Raja Casablanca a fait fureur en atteignant la finale, les représentants africains ont été très discrets en 2014.

Si le Moghreb Tétouan n’est pas parvenu à enflammer ses propres supporters, le public marocain a pris fait et cause pour le Real Madrid dès l’entrée en lice des champions d’Europe. « L’appui que nous avons reçu a été une agréable surprise pour moi. Nous nous sommes sentis chez nous », a commenté à ce sujet Carlo Ancelotti. Ses joueurs ont exprimé leur reconnaissance à leurs nouveaux fans en assurant le spectacle… sans oublier de gagner.

Les chiffres du tournoi
Équipes : 7
Dates : du 10 au 20 décembre 2014
Finale : Real Madrid 2:0 San Lorenzo
Matches : 8
Buts : 20 (2,5 par rencontre)
Nombre total de spectateurs : 228 021 (28 503 par rencontre)