Le conte de fée de Stéphanie Roche

C’est un conte de fée des temps modernes. Entre la Belle au bois dormant, Cendrillon avec un ballon rond en guise de pantoufle de vair ou Blanche Neige. À ceci près que les héros en question ne sont pas des nains, mais des stars du football, de ceux dont on accroche le poster dans une chambre d’ado. Comment Stéphanie Roche, modeste joueuse d’un championnat irlandais tout aussi confidentiel transférée à l’Asptt Albi à l’intersaison, s’est-elle retrouvée parmi les Ibrahimovic, Diego Costa ou Van Persie ?

Ce dimanche-là, Peamount affronte Wexford. On est au début de la deuxième période. Un centre anodin et la belle réalise l’action de sa vie : contrôle du droit à mi-hauteur dos au but, aile de pigeon pour passer le défenseur et reprise de volée du gauche dans la lucarne sans que le ballon touche le sol. «J’étais surtout contente parce que c’était mon premier but de la saison, je ne me suis pas rendue compte. Mon entraîneur a mis la vidéo sur YouTube pour la faire partager à des amis et tout est parti de là», raconte la belle irlandaise, blondinette taille mannequin. Depuis, la vidéo a été vue des millions de fois et toute l’Irlande se passionne pour le prix Puskas qui récompensera le plus beau but le 12 janvier, jour de la remise du Ballon d’or (1). Trois joueurs ou joueuses seront sélectionnés le 1er décembre.

«Les femmes ont de la technique»

L’internationale irlandaise (2 buts avec l’Asptt) gère cette notoriété naissante avec une simplicité désarmante. Devant les journalistes, qu’il s’agisse de la presse écrite, de la radio ou des chaînes de télévision, elle ne se lasse pas de raconter son histoire et de mimer son geste. «Jusqu’à présent, j’ai eu affaire à des gens sympas et je le vis plutôt bien. C’est un grand honneur de représenter le football féminin, de montrer que les femmes ont de la technique et qu’elles peuvent se mesurer aux garçons.» Et quand on évoque les émoluments d’Ibrahimovic, qui gagne en quelques minutes ce qu’elle récolte en un an à Albi grâce à son contrat fédéral, elle répond sans ambages. «Le football féminin est moins populaire. Ibrahimovic est une star et il mérite tout l’argent qu’il gagne. Moi, je suis juste contente de jouer au foot, je me fiche de l’argent.»

Bernard Espié, le président d’Albi, pas fâché de ce coup de projecteur médiatique, peut souffler, Stéphanie Roche ne lui réclamera pas le salaire de Zlatan. On est plus inquiet pour Dean, le boy-friend professionnel en Irlande, qui va devoir marquer sa copine à la culotte pour ne pas se la faire piquer.

source: Ouest-France.fr