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21 November 2024
L’arbitrage à la Coupe du monde : un exemple d’humilité

L’arbitrage à la Coupe du monde : un exemple d’humilité

Juin 23, 2014

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PHOTO: @SportData/Benoit Champagne

Suite à un récent article  de mon collègue M. Côté-Leclerc, chef-arbitre à l’Association de soccer de Charlesbourg, cette idée d’article m’est apparue. En effet, malgré le fait que les propos de M. Côté-Leclerc soient cohérents jusqu’à un certain point, je ne peux m’empêcher de souligner que l’arbitrage à la Coupe du monde est loin d’être autant catastrophique que mon collègue laisse paraître. Certes, le fond de son propos, l’intimidation via les réseaux sociaux, est pertinent et très bien avancé dans son article du 21 juin 2014. Par contre, il est inacceptable d’affirmer que ces hommes (ici il est bien question de la coupe du monde masculine, d’où l’emploi du genre masculin) soient « mauvais », et ce, même si ces derniers sont au nombre de quatre (4). Personnellement, je crois que la Coupe du monde est un tournoi biparallèle, dans le sens où deux tournois y prennent place. N’importe qui, ayant un bon sens de l’observation, aura remarqué qu’il y a effectivement deux tournois qui se déroulent en parallèle : celui des arbitres et des équipes nationales.

 

Le point de rupture entre l’article de mon collège et mon propos se situe exactement au moment où ce dernier affirme que ces arbitres sont mauvais, et ce, même s’ils se sont préparés si longtemps pour s’engager dans ce type de parties. Par contre, l’endroit où je rejoins sans contredits mon collège est au niveau du respect de nos jeunes officiels. Trop souvent, nous (chefs-arbitres et évaluateurs) sommes témoins de gestes et propos complètement inacceptables de la part des spectateurs ou des entraîneurs envers les arbitres. Il suffit de s’imaginer les mêmes propos dirigés envers son enfant pour réaliser que cela n’a pas sa place au sein de la grande famille du soccer québécois. Personnellement, j’ai entendu des entraîneurs, adultes et parents, insulter de jeunes officiels de « pourris », voire de « jeune pute » ou encore pire, « tu devrais aller te pendre à arbitrer de la sorte »… La question est en quelque sorte sociologique et a été soulevée par mon collège Félix. Dans quelle société vivons-nous? Comment se fait-il qu’il soit possible que de tels agissements aient lieu dans une société québécoise de respect, où le partage de valeurs soit primordial ainsi que les traditions familiales, et qu’au bout du compte nous soyons obligés de réconforter nos jeunes officiels de continuer leur « métier », ingrat et difficile, puisque nous avons si besoin d’eux? Il ne faut pas oublier, comme le mentionnait mon collègue Félix, qu’il y a environ 50 % des jeunes arbitres qui quittent l’arbitrage après deux ans de services seulement… Cela ne fait guère un haut taux de rétention…

 

En somme, la Coupe du monde permet de prendre conscience que même si nous sommes au sommet du ballon rond, et ce, peu importe notre rôle (joueur, entraîneur ou arbitre), il est essentiel de remarquer que le respect et le droit à l’erreur seront primordiaux avant toute autre chose. Donnez-moi au moins un exemple où un joueur a manqué un but ouvert ou une opportunité de marquer facilement. Donnez-moi un exemple où un arbitre-assistant aurait dû lever son drapeau pour signaler un hors-jeu. Donnez-moi un exemple où l’arbitre aurait dû siffler telle action plutôt qu’une autre. Je suis persuadé que vous êtes capables, tous et chacun, de répondre à ces questions facilement. Or, est-ce que cela vous permet de mettre en évidence leurs erreurs ou de réaliser que leur rôle est plus difficile qu’il semble l’être?

 

Jean-Philippe Provost
Coordonnateur de l’Association de soccer de Beauport
Directeur de l’arbitrage à l’Association de soccer de Beauport
Coordonnateur du Dynamo de Québec