Il n’est jamais trop tard
Tout joueur et tout supporter sait que tout peut arriver tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti. En ne baissant jamais les bras, certaines équipes ont écrit quelques unes des plus belles pages du football. C’est ce qu’a fait la Grèce, ce 24 juin, en décrochant son billet pour les huitièmes de finale de la Coupe du Monde de la FIFA 2014 pour la première fois de son histoire : Georgios Samaras a offert la victoire aux Hellènes dans le temps additionnel de leur dernier match de phase de groupes face à la Côte d’Ivoire (2:1). L’occasion pour FIFA.com de vous remémorer ces buts de dernière minute qui ont changé le destin de ceux qui les ont inscrits.
Comment ne pas débuter ce voyage dans le temps par le berceau du football et du fighting spirit ? L’heure de gloire du football anglais date de 1966 et du sacre lors de la Coupe du Monde de la FIFA disputée sur ses terres. En finale, le pays hôte mène 2:1 à la 89ème minute et pense déjà à aller chercher le trophée. Mais le défenseur allemand Wolfgang Weber annule les festivités en égalisant dans les ultimes secondes (2:2). Mais Geoff Hurst, déjà buteur dans le temps réglementaire, avait décidé que le trophée resterait à Londres et inscrivit un doublé dans la prolongation. Le second à la 120ème minute…
Hurst a visiblement fait des émules puisque presque 30 ans plus tard, en huitième de finale d’Italie 1990, les Three Lions butent sur une coriace équipe de Belgique. Il reste une poignée de secondes avant d’en arriver aux tirs au but. Paul Gascoigne tire le dernier coup franc et le remplaçant David Platt inscrit d’une superbe volée le but le plus tardif de l’histoire de l’épreuve reine. La joie du buteur, sa course folle et ses yeux grand ouverts sont eux-aussi passés à la postérité.
Lors de cette même compétition, l’Uruguayen Daniel Fonseca avait attendu la 90ème minute pour inscrire le seul but du match contre la République de Corée et qualifier la Celeste pour le second tour, un exemple suivi par Allemands et Colombiens lors de leur dernier match de poule. Déjà qualifiée avec deux victoires, la Mannschaft pensait faire carton plein en ouvrant le score à la 89ème minute par Pierre Littbarski… avant que Freddy Rincon n’égalise dans la minute suivante ! « La Colombie vivait une période politique difficile et ce but a été un soulagement pour le peuple colombien » se souvient le héros cafetero.
Le cauchemar des Bleus
Mais pour avoir la chance de vivre de telles émotions en Coupe du Monde, encore faut-il parvenir à se qualifier. La France l’apprendra à ses dépens en novembre 1993 lors des éliminatoires pour Etats-Unis 1994. Alors qu’ils n’ont besoin que d’un point lors de leurs derniers matches à domicile contre Israël et la Bulgarie, les Bleus craquent dans les dernières minutes des deux rencontres. C’est d’abord l’Israélien Reuven Atar qui gâchera la fête tricolore à la 93ème minute, avant que le Bulgare Emil Kostadinov lors de la dernière minute du dernier match ne prive définitivement les Français de l’épreuve reine.
Visiblement, la France n’avait pas retenu la leçon du Japon, tombé dans le même piège un mois plus tôt. Les Blue Samouraïs doivent gagner contre l’Irak pour être sûr de se rendre aux USA, et c’est d’ailleurs ce qu’ils font jusqu’à la 91ème minute… moment choisi par Jaffar Salman pour égaliser et faire pleurer tout un pays.
Les compétitions continentales réservent aussi leur lot de renversements de situation. Ainsi, lors de l’UEFA EURO 2008, les filets ont tremblé à sept reprises dans les arrêts de jeu. Une tendance que l’expérimenté Andy Roxburgh, directeur technique de l’UEFA et membre du Groupe d’Etude Technique de la FIFA, analyse par la tactique. « Beaucoup d’entraîneurs procèdent sur le tard à des changements pour peser sur le résultat », analyse l’ancien sélectionneur de l’Ecosse. « Ces décisions ont une énorme influence sur les dernières minutes, ce qui produit des fins de matches spectaculaires. »
La mode avait été lancée lors de la finale de l’EURO 2000 entre la France et l’Italie. Les tifosi italiens avaient peut-être déjà débouché le champagne en voyant leur équipe mener 1:0 après 93 minutes. Mais Sylvain Wiltord les a obligés à refermer les bouteilles en arrachant l’égalisation à l’ultime seconde (90’+4), avant que David Trezeguet n’inscrive le but en or… Quatre ans plus tard, la France entame l’Euro 2004 comme elle avait terminé l’édition précédente. Menés 1:0 face à l’Angleterre, les Bleus attendent les arrêts de jeu pour frapper : Zinédine Zidane envoie un coup franc dans la lucarne à la 91ème et transforme un penalty à la 93ème !
Pour sa part, l’Argentine se voyait déjà championne d’Amérique du Sud lors de la Copa America 2004, mais en finale, le Brésil et Adriano avaient d’autres projets… Christian Kily Gonzalez ouvre le score sur penalty, mais Luisao remet les pendules à l’heure juste avant la mi-temps, au point que l’arbitre sifflera le repos avec le cuir au fond des filets. Après la pause, César Delgado redonne l’avantage aux Albicelestes, qui le conservent jusqu’à la dernière minute… du temps réglementaire ! Car dans le temps additionnel, un superbe enchaînement de l’Imperatore vient gâcher la fête argentine. Abattu, les hommes de Marcelo Bielsa s’inclineront aux tirs au but.
La légende du Super Sub
Le football de clubs regorge également de buts de dernière minute. En finale de la Ligue des champions de l’UEFA 1999, le Bayern Munich tient sa victoire face à Manchester United en menant 1:0 à l’issue des 90 minutes. Mais dans le temps additionnel, le remplaçant Teddy Sheringham offre une égalisation inespérée aux Red Devils. Les Bavarois n’auront même pas l’occasion de passer par la prolongation car le Norvégien Ole Gunnar Solskjaer, à peine entré en jeu, marque à nouveau avant le coup de sifflet final etenvoie les Mancuniens au paradis. « Je ne me lasse jamais de parler de ce match », confiait récemment le Super Sub au micro de FIFA.com. « Peu importe combien de buts j’ai pu inscrire pour Manchester, celui-là aura toujours une place à part. »
Autre finale continentale, autre incroyable dénouement. En finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe 1995, le Real Saragosse et Arsenal sont au coude à coude après 119 minutes. Les entraîneurs préparent déjà leur liste pour les tirs au but, mais l’Espagnol Nayim a une autre idée. Du milieu de terrain, tout près de la ligne de touche côté droit, il expédie une frappe incroyable qui lobe David Seaman et offre le trophée aux Maños. « J’ai tenté ce geste parce que lorsque j’étais enfant, j’avais marqué plusieurs buts similaires », se souvient le héros. « J’ai vu le gardien avancé et j’ai tenté. Ça a marché ! »
Dans le football écossais, la rivalité entre le Celtic et les Rangers est pleine de passion, mais également de suspense. Lors de l’ultime journée de la saison 2004/05, les Hoops ont leur destin dans les pieds : une victoire sur la pelouse de Motherwell est synonyme de titre. C’est d’ailleurs ce qui se dessine grâce au but de Chris Sutton, même si les Rangers de leur côté mènent à Edimbourg face à Hibernian. Un hélicoptère est en route pour amener le trophée à Motherwell lorsque Scott McDonald, l’attaquant australien des Steelmen, égalise à la 89ème minute. Les Bhoys se ruent à l’attaque mais encaissent un second but en contre. Et l’hélicoptère change de direction pour rejoindre Edimbourg…
Une suspense qu’a connu Arsenal lors de la saison 1988/89. Lors de la dernière journée, les Gunners, deuxièmes, se déplacent à Liverpool, leader. Les Londoniens doivent s’imposer par deux buts d’écart pour priver les Reds du titre qui leur tend les bras. Alan Smith fait la moitié du travail en première période, mais Bruce Grobelaar et ses défenseurs tiennent le choc durant le reste de la partie. On joue les arrêts de jeu et les larmes coulent déjà sur les joues des supporters locaux. A l’ultime seconde du temps réglementaire, elles se mettront à couler encore plus fort mais changeront de saveur : l’attaquant Michael Thomas réalise le miracle et offre à Arsenal le titre qui le fuyait depuis 18 ans.
Terminons ce tour du monde l’un des championnats argentins les plus indécis de l’histoire. A trois journées de la fin de l’édition 2002, River Plate accueille le Racing, concurrent direct pour le titre, que leur dispute également Gimnasia La Plata. Le club platense fait son travail en s’imposant 3:0 tandis que les deux autres candidats ne parviennent pas à se départager. A la dernière minute, le gardien de River est exclu et cède sa place dans les buts au jeune Martin Demichelis pour le coup franc direct qui suit. Les supporters de La Academia iamginent déjà le ballon au fond des filets, mais au lieu de cela, la défense de River se dégage et enclenche un contre supersonique conclu par le Paraguayen Nelson Pipino Cuevas. Les Millonarios s’imposent sur le fil filent tout droit vers le titre…
source: FIFA.com