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22 November 2024
Dodd : « La situation du football féminin n’a jamais été aussi bonne »

Dodd : « La situation du football féminin n’a jamais été aussi bonne »

Mai 12, 2014

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La Task Force de la FIFA pour le football féminin a été créée l’année dernière dans le but d’avancer dans le développement d’une vision et d’une stratégie pour l’avenir du football féminin. La Task Force a identifié dix grands principes pour le développement du football féminin, lesquels ont été évoqués et reconnus par le Comité Exécutif de la FIFA. Membre cooptée du Comité Exécutif de la FIFA et vice-Présidente de l’AFC, la Présidente de la Task Force Moya Dodd s’entretient avec FIFA.com au sujet des principes proposés, des progrès effectués par le Comité et de la croissance du football féminin à l’échelle internationale.

La Task Force pour le football féminin a identifié dix grands points pour le développement du football féminin. Pouvez-vous nous donner un aperçu général de certains domaines stratégiques ?
Les thèmes principaux sont liés à l’identification des énormes opportunités offertes par le football féminin et sur la façon de les exploiter. Le football masculin est tellement important et tellement bien établi que parfois, le football féminin semble être une activité complémentaire qui n’attire pas trop l’attention. De fait, nous avons le meilleur sport de la planète et seule une moitié de la population est concernée. Cela reviendrait à vendre du Coca-Cola seulement aux hommes. On passerait à côté d’une immense opportunité. L’inclusion et le développement du marché émergent que constitue le football féminin constituent donc de grands thèmes dans les principes établis.

Quels sont les domaines ou innovations compris dans les grands principes qui suscitent le plus d’enthousiasme chez vous et qui pourraient entraîner le football féminin dans une autre dimension ?
L’un des concepts, c’est la nécessité de rendre le football aussi accessible aux filles qu’aux garçons partout dans le monde. Imaginez si chaque petite fille avait la possibilité de jouer au football en fonction de son âge, de ses capacités et de son ambition. La participation grandirait énormément et le niveau technique augmenterait très rapidement. Un autre concept, c’est que chaque association membre devrait disposer d’un projet spécifique pour le football féminin afin d’exploiter l’opportunité. Le football mérite d’avoir un plan à part entière dans chaque association membre. Il n’y a pas assez de filles impliquées dans le football et pas assez de structures et de projets en place pour le football féminin. Nous sommes également convaincus, et c’est très important, que les femmes doivent être représentées dans les organes décisionnels, comme le Comité Exécutif, dans toutes les associations membres. La FIFA s’est appliquée ce principe et le Président de la FIFA continue de le défendre ardemment. De nombreuses études montrent que la diversité des genres engendre des résultats positifs. Cela est également vrai pour le football. Bien entendu, certaines associations membres ont déjà franchi le pas. Ce n’est pas pour rien.

Est-il important de rallier toutes les associations membres à cette cause ? Quels sont les obstacles qui s’y opposent ?
C’est très important. C’est pour cette raison que nous nous concentrons sur les principes dans un premier temps. Car de par sa situation et sa culture, chaque association membre est unique. Elle peut ainsi créer et mettre en application les principes en fonction de ses spécificités. Parallèlement, la FIFA joue un rôle important. Nos compétitions, nos programmes de développement et les ressources de nos différentes divisions sont là pour accompagner les projets. Mais tout cela doit se produire dans le cadre d’un plan bien défini, afin que les activités soient bien coordonnées et efficaces. Je crois que la plupart des associations membres sont déjà conscientes de l’immense opportunité que représente le football féminin et qu’elles veulent le développer. Cependant, elles manquent souvent de savoir-faire, de ressources, etc. Les principes vont aider à transformer cette prise de conscience en une action afin que nous accélérions les progrès ensemble.

Pouvez-vous nous présenter le processus d’approbation des principes-clés ?
Les principes sont issus des discussions et consultations au sein de la Task Force et de plusieurs parties prenantes. Ils ont ensuite été présentés à la Commission du Football Féminin et de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ en mars pour consultation et approbation. En mars, je les ai présentés au Comité Exécutif de la FIFA, en collaboration avec mes collègues féminines du Comité Exécutif Lydia Nsekera et Sonia Bien-Aime. Il a été convenu que les principes étaient reconnus et qu’ils seraient mis à l’ordre du jour du Congrès de la FIFA en juin pour information. Je suis très reconnaissante du soutien de nos collègues du Comité Exécutif. J’ai reçu de nombreux messages positifs de la part de la famille du football à travers le monde, qui se réjouit de voir le Football Féminin à l’ordre du jour au plus haut niveau. J’espère que nous vivrons un autre jour historique pour le Football Féminin à São Paulo en juin.

Quels sont les sujets que la Task Force a été chargée d’étudier ?
Ils sont nombreux. Nous avons étudié la façon de former davantage de leaders pour le football féminin, notamment parmi les anciennes joueurs qui ont un engagement et ont accumulé de l’expertise, ainsi que chez les entraîneurs féminins qui sont des leaders visibles et des modèles. Nous nous sommes penchés sur les façons de mieux commercialiser les grandes compétitions au plus haut niveau, ce qui représente un gros attrait à l’heure actuelle pour les diffuseurs et les fans. Nous travaillons avec les spécialisations de l’Administration de la FIFA sur ces thèmes et bien d’autres. Le football féminin existe et il connaît une croissance rapide mais il ne réalise pas son plein potentiel. Nous pouvons améliorer cela de façon rapide avec des initiatives ciblées sur les structures, les stratégies et les ressources.

Nous avons également assisté à des discussions passionnées sur la façon dont le football peut renvoyer l’ascenseur à la société, en particulier aux femmes et aux filles. N’oublions pas que les femmes dans le football et le football féminin sont encore victimes de discrimination dans de nombreuses régions du monde. Le fait de rendre le football vraiment accessible aux femmes constitue un message profond pour le monde : dans notre sport, aucune femme ne subira de discrimination ou ne sera désavantagée en raison de son sexe. Cela fait du football un chef de file non seulement dans le sport, mais aussi dans la société. Nous n’en sommes encore qu’aux débuts de la Task Force. Nous voulions commencer par poser des principes plutôt qu’essayer de résoudre les problèmes sur le terrain. Mais nous sommes bien décidés à poursuivre notre travail et à faire avancer les différentes idées que nous sont soumises.

Vous évoluez depuis longtemps dans le football féminin et vous avez assisté à de nombreux changements. Les dernières années ont-elles été enthousiasmantes pour la croissance de la discipline ?
Le football féminin est en fait un sport jeune au niveau de son organisation à l’échelle mondiale. La première compétition féminine de la FIFA n’a été organisée qu’en 1988. Depuis, il a connu une croissance exponentielle. J’ai participé à cette première compétition, devant des milliers d’écoliers qui avaient été invités aux matches. Aujourd’hui, la Coupe du Monde Féminine de la FIFA remplit les stades avec des entrées payantes et elle attire des millions de téléspectateurs. Je me réjouis vraiment de voir le football féminin se développer au niveau des supporters, car cela signifie que nous allons attirer des partenaires et des ressources afin de pouvoir créer une vitrine professionnalisée. Chaque petite fille au monde pourra alors rêver de devenir footballeuse. Nous assistons aux prémices de quelque chose qui est déjà bien développé chez les hommes : les championnats professionnels, les agents, les négociations sur les prix des transferts, les problèmes avec le calendrier international féminin. Mais en même temps, des femmes sont punies à cause de leur amour pour le sport ou bien elles ne sont pas intégrées ou soutenues au sein des instances footballistiques. C’est ce qui me fait avancer. La situation n’a jamais été aussi bonne, mais je me réveille tous les mains avec la conviction que nous pouvons faire beaucoup plus pour développer notre jeu. C’est très enthousiasmant d’être investi dans le football féminin en ce moment.