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21 November 2024
Des universités québécoises dans la NCAA?

Des universités québécoises dans la NCAA?

Déc 28, 2012

Si j’étais dirigeant d’une ligue ou d’une équipe de hockey junior majeur canadienne, ou si j’avais le bonheur d’administrer un programme de sport universitaire comme ceux de l’Université Laval, de l’Université de Montréal ou de McGill, je m’intéresserais très sérieusement à ce qui est en train de se passer en Colombie-Britannique.

Car c’est une véritable révolution sportive qui naît sous nos yeux. Depuis cet automne, les équipes sportives de l’université canadienne Simon Fraser sont membres à part entière de la NCAA!

Pourrions-nous un jour voir le Rouge et Or de l’Université Laval et les meilleurs footballeurs québécois prendre part à un Bowl américain durant la période des Fêtes? Ou encore, serait-il possible un jour de voir les hockeyeurs des Redmen de McGill affronter l’Université du Minnesota en finale du Frozen Four? Ou de voir une équipe de basketball universitaire québécoise participer au March Madness?

Ces scénarios relevaient de la pure science-fiction il y a quelques années. Peut-être plus maintenant.

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« Il y a trois ans, la National Collegiate Athletic Association a lancé un programme pilote qui invitait les universités canadiennes à se joindre à elle. Nous sommes les seuls à avoir entrepris des démarches et notre université est devenue la première maison d’enseignement basée hors des États-Unis à y être admise », raconte fièrement le directeur du programme d’athlétisme de Simon Fraser, Milton Richards.

Il s’est écoulé trois années avant que Simon Fraser conclût le processus de sélection et réponde à toutes les exigences de la NCAA. Selon Richards, la procédure la plus lourde consistait à faire accréditer ou reconnaître la totalité du programme scolaire de Simon Fraser par une « agence d’équivalence » américaine.

Simon Fraser a posé sa candidature en 2009. Et en 2010, ses équipes sportives ont été admises (à condition de remplir tous les critères) dans la division II de la Great Northwest Athletic Conference (GNAC). Et en août dernier, l’université canadienne a été admise à titre de membre à part entière, avec droit de vote aux assemblées de la NCAA et tout le reste.

En tout, Simon Fraser compte 17 équipes dans 10 sports :

– Athlétisme (masculin et féminin)

– Basketball (masculin et féminin)

– Cross country (masculin et féminin)

– Football (masculin)

– Golf (masculin et féminin)

– Lutte olympique (masculine et féminine)

– Natation (masculine et féminine)

– Soccer (masculin et féminin)

– Softball (féminin)

– Volleyball (féminin)

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Dès son entrée officielle dans la NCAA, l’Université Simon Fraser a fait parler d’elle puisque son équipe de soccer masculine s’est rendue jusqu’au Final Four, c’est à dire dans les demi-finales du championnat « national » la semaine dernière. Ce succès et cette grande première leur a d’ailleurs valu un article dans les pages du New York Times.

« Maintenant que nous sommes là, j’imagine qu’on devra parler de championnat nord-américain et non plus de championnat national », lance Milton Richards, en riant.

À en croire le directeur du programme d’athlétisme de SFU, les dirigeants de l’université canadienne sont ravis de s’être joints à la NCAA parce que cette adhésion renforce le caractère international de leur maison d’enseignement.

« Environ 18 % de nos étudiants sont étrangers et un grand nombre d’entre eux sont Américains. Le fait de rivaliser avec des universités américaines nous procure un statut et une visibilité différente », dit Richards.

« Cela dit, ça ne signifie pas que nous ne voulons plus affronter des équipes universitaires canadiennes. Notre calendrier permet un certain nombre de matchs à l’extérieur de notre association. Par exemple, j’aimerais bien voir notre équipe féminine de basketball jouer contre l’Université Laval durant la saison. »

***

Depuis l’automne, Richards affirme que les responsables de leur programme d’athlétisme reçoivent des demandes d’étudiants de partout au pays. Au cours des trois dernières saisons, les joueurs de football ont constaté que le niveau de jeu de la NCAA était plus élevé, mais ils aiment le défi que ça représente. Il dit aussi avoir remarqué un haut niveau de fierté chez les athlètes-étudiants, qui défendent les couleurs canadiennes contre des équipes américaines.

SFU pourrait-elle un jour avoir une équipe de hockey dans la NCAA et rivaliser avec le hockey junior majeur canadien dans l’ouest du pays?

« Ce n’est pas dans nos plans parce que nous n’avons pas les ressources pour cela, répond Richards. Mais si de généreux donateurs s’avançaient pour nous aider à monter un programme de hockey, nous le ferions certainement. »

Pour l’instant, l’histoire de l’Université Simon Fraser peut sembler anecdotique, mais elle pourrait rapidement faire des petits. Et elle pourrait complètement chambouler notre paysage sportif. Par exemple, la LHJMQ aurait-elle autant d’attrait auprès de nos meilleurs jeunes hockeyeurs si l’option de la NCAA s’offrait à eux au Québec? Ouf! Cela pourrait provoquer un exode considérable dans le hockey junior majeur!

« Personne n’est venu me voir personnellement pour me poser des questions au sujet de notre expérience dans la NCAA. Mais j’entends entre les branches que plusieurs universités canadiennes nous observent et envisagent de faire la même chose », soutient Milton Richards.

Les dirigeants des universités québécoises suivent-ils ce qui se passe à Simon Fraser?

En 2012, le temps est-il venu d’élargir notre conception du sport étudiant et notre vision du monde? Et, par conséquent, de faire en sorte que nos jeunes deviennent un peu plus des citoyens de l’Amérique du Nord plutôt que des citoyens québécois ou canadiens?

La question mérite certainement d’être posée.