De la France au Québec pour l’amour du soccer

SOCCER. 2011. Au bout du fil en France, Roxane Cavallo arrive à peine à le croire. Sa passion l’amènera jusqu’au Québec. Voyager et travailler dans le «football», un rêve qui se concrétisait pour celle qui est aujourd’hui adjointe à la direction technique et responsable du Sport-Études à l’Association régionale de soccer de Québec (ARSQ), entraîneure du Royal Sélect féminin AAA de Beauport et entraîneure des Dynamiques du Cégep de Sainte-Foy. Portrait d’une jeune femme qui n’a pas eu peur d’aller loin pour réaliser son rêve.

«J’étais aux anges. Moi qui me démenais pour unir ma passion du football et le boulot, voilà qu’on m’offrait ce genre d’opportunité… au Canada. Ça m’a pris un moment avant de réaliser la chance que j’avais».

Une femme dans un univers masculin

Roxane Cavallo a toujours gravité autour du ballon rond. Et donc autour des garçons puisque l’un n’allait pas sans l’autre. C’est son grand frère qui l’a initiée au sport le plus populaire de la planète. Ses parents l’ont ensuite inscrite dans le club mineur de sa communauté, à Pégomas près de Cannes, un club masculin. «Je n’avais pas le choix de jouer avec les garçons. Le soccer féminin était inexistant dans ma région. Disons que ça forge le caractère.»

À 18 ans, réalisant qu’aucune femme ne gagne sa vie comme athlète au soccer, elle met un terme à sa carrière de joueuse et retourne chez elle où elle devient entraineure «Je me suis alors dit que j’allais vais faire ça de ma vie! Si je ne peux pas être payée pour jouer, je le serai pour entraîner».

Pendant plusieurs années, elle doit cumuler ses activités d’entraineure avec un boulot alimentaire. Sa première vraie chance survient quand l’entraîneur du club masculin senior de Montpellier se fait remercier. On lui offre alors de prendre sa place et elle parvient à redresser le club qui croupissait dans les bas-fonds.

Ses exploits ne passent pas inaperçus. La Fédération française de football présente le travail de Roxane de manière flatteuse dans un numéro spécial de leur magazine qui traite de la présence des femmes dans le soccer français. «Je ne coachais qu’une équipe senior de basse division, comme du AA ici. Mais puisqu’une femme dirigeait des hommes, c’était du jamais vu», s’étonne encore Roxanne.

Ici, je n’ai jamais senti que ma condition féminine me nuisait, contrairement à la France. On m’a fait confiance dès le début.Roxanne Cavallo

De l’Impact à Québec

C’est à cette époque, alors qu’elle passe son brevet d’entraîneur, que la jeune femme entend parler de Philippe Eullaffroy, directeur de l’Académie de l’Impact de Montréal, à qui elle décide d’écrire pour offrir ses services. Ce dernier l’accueille dans un stage d’observation où elle rencontre Samir Ghrib, de l’Association de soccer de Beauport qui lui offre le poste d’entraîneur de l’équipe féminine AAA. Elle rencontre aussi Helder Duarte, directeur technique de l’ARSQ, qui lui propose la coordination du Sport-Études.

«Ça fait maintenant deux ans et demi que je suis ici et je ne regrette pas du tout mon choix. Le soccer m’a permis de voyager et je n’ai jamais manqué de boulot. Ici, je n’ai jamais senti que ma condition féminine me nuisait, contrairement à la France. On m’a fait confiance dès le début. J’ai obtenu ici davantage en deux semaines d’observation que dans tout mon cheminement à la maison», conclut Roxanne Cavallo. (T.M.)

source: Journal L’Appel | article

L’Appel, membre du groupe Québec Hebdo