Avis de recherche; Entraîneurs qualifiés!
En cette période de transition hiver/été, tous les clubs de la région recherchent la même chose: des entraîneurs! C’est une véritable chasse aux trésors que les responsables de clubs ont à faire, spécialement du mois de février à avril. Mais comment expliquer que ces entraîneurs soient si rares? En 2007, la fédération de soccer du Québec a mis en branle une réforme importante des compétitions qui a modifié énormément les structures de tous les niveaux de soccer. Les équipes élites(AAA) autrefois sous la supervision des ARS ont été transférées dans les clubs. Chaque club désirant placer des équipes dans la Ligue de Soccer Élite du Québec (LSEQ) devait s’inscrire dans un nouveau championnat: le U13 Espoir. Les équipes terminant dans les premières positions du championnat Espoir accédaient au AAA la saison suivante. Dans les 4 dernières années, c’est 20 clubs de partout au Québec qui entraient chaque année dans la ligue élite en U14. Dans la région de Québec, nous plaçons chaque année de 2 à 4 équipes dans la ligue Élite qui performent généralement très bien. Cette réforme des compétitions n’a pas seulement modifié le format de la LSEQ, mais également les bases de chacun des clubs de soccer de la province. Depuis 2007, les clubs ont fait l’embauche de directeurs techniques à temps plein; emplois auparavant à temps partiel ou saisonnier dans la majorité des cas. Les clubs ont aussi commencé à mettre de plus en plus d’efforts dans les catégories U9 à U12 pour préparer les joueurs au championnat Espoir et espérer placer des équipes dans la Ligue Élite, sinon ils perdaient leurs meilleurs éléments au profit des équipes qui accédaient à la LSEQ. Les clubs ont donc dû mettre les bouchées doubles dans les dernières années pour suivre le rythme de la réforme et développer un maximum de joueurs de qualité. C’est exactement l’objectif visé par la Fédération. Par contre, le plus grand défi à l’heure actuelle selon moi n’est pas dans la mise sur pied de plans de développement ou la création de différents programmes pour les joueurs, mais plutôt la formation des entraîneurs. L’explosion du nombre de joueurs n’est pas proportionnelle au rythme auquel se forment nos entraîneurs (passage de 18 000 joueurs à l’ARSQ en 2002 à 26 000 en 2012). Nous formons de plus en plus d’entraîneurs mais le nombre d’équipes AAA et Espoir augmente trop vite.
Voici l’augmentation du nombre de joueurs de « haut niveau » à Québec:
272 joueurs AAA en 2002 avec le Dynamo de Québec
457 joueurs AAA en 2012 en club + 368 joueurs U13 Espoir
Il y a trop peu d’entraîneurs pouvant encadrer et développer cette masse de joueurs. En 2002, la région avait besoin de 10 entraîneurs pour les équipes du Dynamo. En 2012, c’était 53 entraîneurs que nous avions besoins pour encadrer les 30 équipes AAA et les 23 équipes U13 espoir. Est-ce qu’il y 53 entraîneurs à Québec pour ça? À mon avis, la réponse est non, et on n’a pas encore parlé des équipes de la Ligue de Développement et de la Ligue Québec Métro.
La réalité du AAA et du championnat Espoir
Les clubs ayant quelques équipes AAA et des équipes en championnat espoir sont en manque important d’entraîneurs qualifiés. Un club ayant dans ses rangs par exemple 4 équipes AAA et deux équipes en championnat Espoir doit compter sur un minimum de 6 entraîneurs avec un DEP. Si le club décide de placer tous ses entraîneurs diplômés avec ses équipes élites, qu’arrivera-t-il avec la formation des joueurs de 9 à 12 ans? Les clubs sont pris dans un dilemme de développement. Soit prioriser les équipes AAA/Espoir ou mettre ses énergies dans les petites catégories? La solution est certainement quelque part au milieu en date d’aujourd’hui mais il est certain que ça met beaucoup de pression sur les clubs pour former et/ou recruter des entraîneurs. C’est bien beau de vouloir placer nos meilleurs entraîneurs avec les jeunes, mais une fois que notre travail a été bien fait et que ces joueurs sont rendus à 14 ou 15 ans, on les laisse tomber? Évidemment non mais les clubs n’ont pas assez d’entraîneurs pour assurer un travail de qualité dans toutes ces catégories. Les clubs sont tous dans le même bateau actuellement et nous devons travailler conjointement dans la formation des entraîneurs pour améliorer la situation. Pour l’instant tous les clubs s’arrachent les candidats intéressants pour combler une partie des besoins toujours grandissant chez eux. Est-ce qu’on peut vraiment en vouloir à quelqu’un pour ça? Pas vraiment, tout le monde prêche pour sa paroisse pour tenter d’améliorer sa situation.
Qu’elles sont les solutions possibles pour améliorer la situation? Changement de culture (les joueurs deviennent parents et éventuellement entraîneurs), formation continue des entraîneurs, implication des joueurs du club et une aide de la fédération dans les structures de compétitions sont certainement des solutions à étudier sérieusement.
Recruter les jeunes entraîneurs
Une solution d’apparence simple est l’implication des joueurs U16 et + du club avec des équipes de jeunes. Effectivement, c’est la meilleure solution parce que ces joueurs connaissent la philosophie du club et ont déjà un certain sentiment d’appartenance. Le plus difficile ce n’est pas de les trouver parce qu’il y en a beaucoup dans chacun des clubs, mais plutôt de les attirer! À cet âge les intérêts sont nombreux et très peu d’entre eux sont prêts à s’investir pour un montant d’argent si peu élevé (équivalent aux frais reliés aux transports dans la majorité des clubs). Les salaires proposés dans l’arbitrage deviennent rapidement l’argument béton pour ne pas s’impliquer. Comment convaincre un jeune de venir entraîner une équipe U9 pour 200 à 300$ pour une saison quand il peut faire l’équivalent en arbitrant dans un tournoi en une fin de semaine. C’est pourquoi les jeunes entraîneurs qui désirent se former sont des perles rares et qu’en tant que club, nous avons la responsabilité d’en prendre soin et d’essayer d’améliorer leurs conditions (financières et défis).
Dans les prochaines années, le championnat Espoir sera repoussé en U14, la LSEQ aura un maximum de 14 équipes par catégorie et le programme de formation des entraineurs proposera possiblement une alternative plus rapide pour les entraîneurs qui désirent suivre le DEP. Nous allons certainement dans la bonne direction mais chose certaine, nous ne verrons pas d’amélioration marquée avant 5 ans. D’ici là, bonne chance à tous les clubs dans la recherche et la formation de ses entraîneurs!
Benoit Forget Chiasson